Champignon ressemblant à une algue, le Lichen est un végétal dont la diversité des espèces fait de lui, une plante aux vertus innombrables.
Ce végétal pousse en des lieux improbables où, très peu ou aucune plante ne se développe. Le Lichen végète en formant de grands bancs sur les trottoirs, dans les espaces ouverts, sur les rochers granitiques du bord de mer, les troncs des arbres, en haut des montagnes (principalement dans régions nordiques), mais aussi, sur la lave refroidie.
Aujourd’hui, on répertorie 20.000 espèces de lichens à travers le monde et plus précisément, dans les forêts montagneuses et les régions froides.
Barbus, aplatis, noirs, oranges ou jaunes, les lichens parviennent à former au sol, des débris qui le rendent fertile, faisant ainsi pousser d’autres plantes, y compris de la mousse.
On peut les récolter tout au long de l’année, les faire sécher avant d’en consommer (avec précaution) ou s’en servir pour soigner.
Bref, les lichens sont connus pour leurs vertus thérapeutiques et gastronomiques. Plus encore, les lichens ont un impact sur l’écologie mais, également servent dans l’industrie textile et agroalimentaire. Qu’en est-il exactement ?
Voici ce qu’il faut savoir …
D’après les écrits de Théophraste (Livre III de son Histoire des plantes) datés du IIIe siècle avant Jésus-Christ, le lichen naît de l’écorce. Jusqu’à la moitié du 19è siècle, les naturalistes qualifiaient d’« excréments de la terre », les lichens du sol et, les répertoriaient en général soit dans la catégorie des algues, soit dans celle des mousses.
Mais, ce n’est qu’en 1867 que Simon Schwendener (botaniste suisse), a observé que ces végétaux ont non seulement une double nature, mais sont également, des parasites.
Nombreux furent les lichenologistes qui n’ont pas partagé cette théorie en s’accordant sur le fait que « tous les organismes vivants sont autonomes » !
S’inspirant du principe de symbiose, des scientifiques (dont Albert Bernhard Frank ou Anton de Bary) ne s’étant pas totalement opposés à l’hypothèse de Simon Schwendener, ont proposé en 1875, le terme de « symbiotismus » afin de mettre tout le monde d’accord.
Il a donc fallu attendre le dix-neuvième siècle pour que les lichens soient dans le « phylum des Fungi » pour expliquer que, ces champignons associés aux algues, sont les seuls à assurer la reproduction sexuée.
De par sa définition étymologique, le mot lichen vient du latin, qui lui-même est dérivé du mot grec « leikhên » qui signifie « lécher », en raison de la manière dont ces plantes s’accrochent aux arbres ou aux rochers sur lesquels ils poussent.
Encore appelés « végétaux pionniers » du fait qu’ils favorisent le développement d’autres êtres vivants, les champignons lichénisés poussent en milieux très arides et souvent hostiles. On les nomme également « organismes composés » car, résultant d’une association entre des cellules microscopiques d’algue verte et 90 % de champignon hétérotrophe.
Ces végétaux sont un véritable atout pour l’équilibre écologique puisqu’en pourrissant, ils créent progressivement un environnement moins sec et, favorisent ainsi, la croissance d’autres plantes plus exigeantes.
Outre l’aspect écologique, quels sont des bienfaits pour la santé de l’homme ?
En Colombie-Britannique, en cuisine, les lichens « poil d’ours » (Bryoria fremontii) étaient mélangés à d’autres ingrédients dont la graisse de cerf, des amélanches, des bulbes du lis d’une espèce d’érythrone et de ceux du lis tigré pour préparer un pudding.
Chez certains explorateurs français et chez les Jésuites, la consommation des « Cris de la baie d’Hudson », des « Hurons », des « Naskapi » et des « Inuits » était bien maîtrisée. Ils les lavaient, les défaisaient en minuscules morceaux puis, les ajoutaient aux bouillons et aux soupes avec soit du sang de caribou, soit des œufs de poisson ou encore du poisson, tout simplement.
Notons tout de même que les lichens sont de nos jours de moins en moins consommés même si, une fois bien nettoyés et lavés pour enlever l’amertume, ils servent à fabriquer une gelée aromatisée au chocolat, les légumes frais ou encore du jus de fruits.
Certains peuples nordiques utilisent la mousse d’Islande en cuisine, sous forme de farine pour réaliser des gâteaux ou du pain.
D’autres variétés dont l’Umbilicaria ou tripes de roche, sont consommées au Canada.
Sur le continent asiatique, plus particulièrement au pays du Soleil Levant, l’ « Umbilicaria esculenta » est apprécié en beignets (tenpura), en soupe ou encore en salade appelée « bambou des roches » ou « Iwatake ».
Bon à savoir :
Généralement, les lichens sont difficiles à digérer et, certains étaient même mis à cuire pendant 24 heures.
Certaines espèces de lichens peuvent être toxiques en raison de la présence dans leurs tissus, d’acide usnéique ou vulpinique.
Diverses espèces de lichens ont servi en médecine traditionnelle par les anciens Égyptiens. Au fils du temps, ces usages ont disparu, sous le joug de la médecine moderne.
Au 20è siècle, seule la mousse d’Islande encore appelée Cetraria islandica figurait dans les Matières médicales.
Toutefois, il existe d’autres espèces dont les vertus thérapeutiques sont aussi à connaître.
Une fois son principe amer supprimé, la mousse d’Islande est utilisée pour apaiser ou traiter les sueurs nocturnes, les troubles gastriques, les vomissements provoqués par la grossesse, les vomissements des migraineux, l’anémie mais surtout, la fatigue générale. Véritable fébrifuge, antivomitive, antianémique, stomachique et tonique (car stimulant le système nerveux central), ce végétal n’a plus de secret pour la médecine moderne.
Les résultats probants de son efficacité thérapeutique sont répertoriés, plus particulièrement chez les sujets âgés et les asthéniques souffrant de catarrhes bronchiques avec irritation récurrente.
L’on remarquera même qu’en Europe, surtout en Allemagne, les pastilles contre la toux vendues en pharmacie sont très souvent à base de mousse d’Islande.
Plus encore, la mousse d’Islande est indiquée pour soulager les maladies chroniques des intestins, la tuberculose pulmonaire, les irritations de la gorge, la dyspepsie et les diarrhées chez l’enfant (en cas de sevrage).
Outre cette espèce de lichens, d’autres revêtent des vertus médicinales dont :
Les chercheurs ont récemment découvert que, les acides amers des lichens (n’étant pas consommés) contenaient des propriétés antibactériennes pour lutter contre les infections intestinales.
Quant à l’herbe aux poumons par exemple, elle soignait auparavant les infections respiratoires mais aujourd’hui, la médecine moderne a prouvé son efficacité dans un sirop contre la toux.
Les lichens sont souvent utilisés dans l’industrie de création de parfum.
En effet, il est possible de récolter jusqu’à 9000 Tonnes de lichens par an pour en extraire des huiles essentielles de parfum.
Ce végétal peut produire des senteurs boisées avec des soupçons d’algues et de champignons.
Pour ce faire, 2 variétés de lichens récoltés sur les arbres ou au sol sont particulièrement appréciées. Il s’agit de la mousse de Chêne (Evernia prunastri) et, de la mousse des arbres (Pseudevernia furfuracea).
Depuis des siècles, ces végétaux aux multiples servent à la teinture végétale.
Habituellement, les pigments des lichens sont plus complexes à extraire. Pourtant, ils résistent mieux à l’eau et à la lumière.
A savoir que dans l’industrie textile, ce sont les pigments de lichens qui servent à colorer les tweeds écossais et irlandais.
Voici quelques conseils/astuces pratiques pour bénéficier des bienfaits des lichens :
– Pour préserver le principe amer des lichens, il est conseillé de ne pas les porter à ébullition. Pour cela, une macération (de 20 g de lichens par litre d’eau) à l’eau froide ou encore une infusion à l’eau chaude est suffisante.
– Afin de préparer une décoction, portez à ébullition la quantité d’eau indiquée. Mettez-y les lichens. Jetez ensuite l’eau puis, lavez-les à l’eau froide.
Après lavage, portez à nouveau à ébullition 1,5 L d’eau. Replongez les lichens dans cette eau bouillante puis, laissez frémir pendant une demi-heure. Ensuite, sucrez avec 100 gr de miel et, laissez reposer pendant 10 minutes. Filtrez et sucrez à nouveau.
Pour ce qui est de la posologie, 3 à 4 tasses par jour sont indiquées.
Aujourd’hui, en se référant aux vertus des lichens, la médecine moderne ne tarit plus d’éloges. Mieux encore, elle y nourrit même des espoirs thérapeutiques.
Toutefois, certains pensaient qu’aucun lichen n’était toxique, nocif ou encore dangereux pour la santé.
Sauf qu’il existe des espèces très amères de lichens qui provoquent des troubles intestinaux.
Il s’est même avéré que :
– le principe toxique du Cetraria pinastri provoquerait la mort en ralentissant le rythme respiratoire.
– l’usage de l’orseille a été prohibé en gastronomie en raison de sa toxicité. Elle était utilisée comme colorant alimentaire.
On retiendra entre autre, les lichens des variétés appelées Xanthoparmelia chlorochroa, Cetraria pinastri ou Letharia vulpina.
NB : En cas de doute, il est toujours utile d’avoir un avis de spécialiste ou de votre médecin-traitant avant d’opter pour un traitement à base de plantes ou de l’avis d’un pharmacien avant d’en consommer.
©Leptospira