Lorsque l’on parle de « phytophthora », on ne parle pas d’une seule et unique maladie. Le terme regroupe en fait de nombreuses phytopathologies aux conséquences plus ou moins importantes (pourriture du collet, mildiou, maladie de l’encre, etc.). Il est donc plus correct de parler des « phytophthoras ».
Fort heureusement, les symptômes, les moyens de prévention et de lutte sont assez proches entre les différentes maladies. Suivez notre guide pour en apprendre plus sur les phytophthoras.
Les phytophthoras sont des champignons de la famille des Oomycètes. Ils sont donc à l’origine de maladies dites cryptogamiques. L’étymologie du mot vient du grec « phyto » qui signifie « plante, végétal » et de « phtora » qui peut être traduit par « je détruis ».
La contamination et la propagation de la maladie se fait via les « graines » des champignons que l’on appelle les spores ou les zoospores (spores mobiles). Une fois dans le sol, ils peuvent se conserver durant de nombreuses années dans l’attente d’un nouvel hôte.
Certaines espèces comme P. citricola s’attaquent essentiellement au système racinaire. Néanmoins, elles peuvent malgré tout affecter les feuilles si des spores ou de la terre contaminée viennent s’y déposer.
Il existe plus d’une centaine d’espèces différentes de phytophthoras. Certaines ne touchent qu’un hôte en particulier :
D’autres espèces en revanche ont un champ d’action beaucoup plus large : on dit qu’elles sont polyphages. Celles qui affectent en général les plantes ornementales sont :
Les phytophthoras peuvent s’attaquer à tous les types de végétaux : plantes potagères, vivaces, arbustes, arbres, etc.
Remarque importante : le Phytophthora ramorum est une espèce particulièrement virulente. Longtemps cantonnée aux États‑Unis et en Grande-Bretagne, elle a fait son apparition en France au début des années 2000. Les premiers sujets touchés furent les viornes et les rhododendrons. Cependant, depuis 2017 des mélèzes ont été contaminés et le Mélèze du Japon est d’ailleurs déconseillé à la plantation.
En savoir plus sur le P. ramorum :
Il existe de nombreuses situations facilitant l’apparition des phytopathologies en général et des phytophthoras en particuliers :
Les phytophthoras peuvent attaquer toutes les parties d’une plante ; des racines aux feuilles en passant par les tiges.
En règle générale, ce sont les racines et le pied de la plante (le collet) qui sont le plus souvent touchés par les phytophthoras. Cela se traduit alors par la pourriture du système racinaire, sa décoloration et l’absence de radicelles (petites racines nourricières).
Lorsque le collet est atteint et que la plante est mourante, il est possible de voir la zone d’attaque qui est située juste au‑dessus du niveau du sol. Elle se reconnaît rapidement, car elle se situe à la frontière entre la partie saine sur le dessus et la partie affectée en dessous qui présente un coloris brun ou brun rougeâtre.
Lorsque les symptômes sont visibles sur les feuilles (flétrissement, dépérissement), cela signifie que la partie racinaire est déjà bien atteinte ou que le pied est envahi. La plante se trouve alors dans l’incapacité de synthétiser la chlorophylle à cause du manque d’eau et de nutriments.
Certaines espèces de phytophthora peuvent infecter directement les feuilles sans passer par les racines. Le symptôme principal est l’apparition de taches foliaires de couleur brun foncé à noires et à la texture humide. La maladie se propage ensuite dans le limbe, pour atteindre le pétiole, puis la tige.
À l’instar des feuilles, d’autres espèces de phytophthora peuvent cibler directement les tiges. Elles provoquent alors des lésions brunâtres à noires. La conséquence directe est un flétrissement et un dépérissement du feuillage situé au‑dessus des lésions. En revanche, la partie du végétal se trouvant sous la lésion reste saine (racines et collet compris).
Pour limiter les risques d’apparition d’un phytophthora, il suffit de suivre quelques règles :
Malgré toutes les précautions prises, il se peut que vos plantes soient tout de même attaquées par un phytophthora. Dans ce cas, il est impératif de nettoyer la zone en récupérant l’ensemble des éléments infectés (feuilles, tiges, racines) et de les brûler.
La dernière étape consiste à traiter les sujets contaminés. Pour cela, il existe quelques moyens de lutte qui ne seront pas les mêmes en fonction des parties touchées.
Il s’agit peut‑être de la situation la plus simple à gérer. En effet, les phytophthoras s’attaquant aux feuilles sont, la plupart du temps, responsable du mildiou. Pour le traiter, il suffit alors de vous procurer de la bouillie bordelaise et d’en asperger les sujets touchés en respectant bien les consignes d’utilisation fournies par le fabricant.
Les phytophthoras telluriques, évoluant dans le sol et qui attaquent les racines, ne sont pas simples à traiter. Le meilleur moyen de les prévenir et de lutter en cas d’attaque est d’effectuer une rotation de vos cultures en choisissant des espèces pas ou peu sensibles au champignon.
Quelques fongicides peuvent néanmoins être utilisés comme le fosétyl‑Al (fosétyl d’aluminium), commercialisé sous le nom d’Aliette. Le traitement est à la fois préventif et curatif et peut s’utiliser sur de nombreuses cultures (potagères et fruitières). Il s’agit d’un produit dit « systémique », c’est-à-dire qu’il pénètre dans l’organisme de la plante afin de lutter contre la maladie. Il est à la fois systémique descendant (action sur les racines) et ascendant (action sur les feuilles).
D’autres produits à base de mancozèbe ou de diméthomorphe peuvent également être utilisés.
Pour tous les défenseurs d’une agriculture biologique, sachez que, malheureusement, à l’heure actuelle, il n’existe pas de solutions naturelles curatives aux phytophthoras. Néanmoins, des études sont menées afin de déterminer l’efficacité d’agents de contrôle biologique (BCA) dans la lutte contre les Oomycètes comme le phytophthora (1).
Lorsque vous utilisez des produits phytosanitaires afin de lutter contre l’attaque d’un phytophthora, il est indispensable de bien vous protéger et de respecter les préconisations du fabricant. Au besoin, et en cas de doutes, n’hésitez pas à vous référer aux Fiches de Données de Sécurité (F.D.S.) que les industriels doivent mettre à disposition gratuitement sur leur site internet.
Sources : (1) Thèse de M. Manasfi Youssef sur la « Lutte contre les pathogènes telluriques en contexte horticole : cas du pathosystème Choisya ternata/Phytophthora spp. » p. 66
Les huiles essentielles sont souvent fongicides, si je devais être confrontée à ce genre de problème je testerais fortement diluées dans un lait d’argile + savon noir…
1 cuillère à café rase d’argile surfine
1 litre d’eau filtrée
Mélangez bien, vous avez alors 1 litre de lait d’argile prêt à être utilisé
L’huile essentielle d’origan (Origanum vulgare) a des propriétés fongicides très intéressantes contre le mildiou entre autre.
D’autres associations d’huiles essentielles ont aussi montré de bons résultats.
Dans un bol à bec verseur, mélangez 20 gouttes d’huile essentielle d’origan avec une demi-cuillère à café de savon noir ou une giclée de liquide vaisselle ; ajoutez un verre d’eau de pluie et fouettez jusqu’à obtenir une belle émulsion.
Mélangez-la à 1 litre de lait d’argile. La préparation est alors prête à être pulvérisée sur les plantes atteintes.