Cet été, vos tomates sont plutôt belles, elles ne souffrent ni de la chaleur excessive, ni des intempéries. Sur les pieds bien alignés se côtoient des fruits déjà rouges et d’autres encore verts. Mais soudain, sur la peau bien lisse de vos tomates, vous apercevez un petit trou aux contours bien nets, et puis un autre… Quel est donc ce parasite qui s’attaque à vos tomates cet été ?
Les tomates sont des plantes potagères assez faciles à cultiver, mais qui peuvent être touchées, assez couramment, par tout un cortège de maladies…Mildiou, oïdium, cul noir ou nécrose apicale, pourriture grise (Botrytis)…Souvent provoquées par un excès d’humidité ou des arrosages irréguliers, ces maladies sont assez faciles à reconnaître.
Quant aux aleurodes, pucerons et autres araignées rouges, ils se détectent tout aussi facilement.
Mais là, mes tomates, encore vertes ou presque arrivées à maturité, semblent perforées. Un seul trou par tomate est observable, aux contours bien ronds et bien nets. Le plus souvent, ce trou se situe plus près du pédoncule que du cul de la tomate. Et des dépôts noirs, semblables à des déjections, sont visibles à l’intérieur.
En coupant les tomates, des galeries sont apparentes, la chair est pourrie, et les tomates finissent par tomber qu’elles soient vertes ou rouges.
Dernière constatation (qui n’a rien de scientifique hein, juste de l’observation) : ce sont les variétés plutôt allongées ou assimilées qui sont touchées, à savoir les ‘Roma’ et les ‘Cornues des Andes’.
Comme c’est la première fois que je suis face à ce phénomène, j’ai cherché dans ma bibliothèque le ou la responsable. Et j’ai trouvé ! Mes tomates sont l’objet d’une attaque en règle de noctuelles de la tomate (Helicoverpa armigera), également nommé armirège.
Comme son nom le laisse supposer, la noctuelle de la tomate est un papillon de nuit de la famille des Noctuidae. Ce lépidoptère aux ailes blanchâtres, légèrement tachetées et parcourues de lignes grisâtres, n’est jamais visible en journée malgré son envergure d’environ 3 cm. Autant dire qu’il peut tranquillement agir alors que vous dormez sur vos deux oreilles. Les premiers vols ont lieu en avril-mai.
D’origine tropicale ou subtropicale, la noctuelle de la tomate profite du réchauffement climatique pour doucement remonter vers le Nord. Car jusqu’à présent, elle n’était présente que dans le sud de la France.
Au printemps, les noctuelles s’accouplent et la femelle dépose ses œufs, blanc jaunâtre puis marron, un peu partout sur les pieds de tomates, sur les jeunes pousses, sur les feuilles, les fruits ou les fleurs. L’incubation dure 4 jours et, dès que la température atteint 25 °C, les larves éclosent.
Très mobiles, elles passent par 6 stades et se nourrissent, dans un premier temps des feuilles, puis, dès le deuxième stade, pénètrent à l’intérieur des tomates dont elles se nourrissent. Au fur et à mesure de leur développement, ces chenilles passent par plusieurs couleurs, du blanc jaunâtre au vert, ou jaune, ou noir, puis marron. L’état larvaire dure environ 18 jours à 22 °C, 50 jours à 17 °C. Les chenilles mesurent de 3 à 4 cm en fin de développement avant de se nymphoser dans le sol. Et devenir de nouveaux adultes !
Ainsi, si les conditions météorologiques sont favorables, de deux à quatre générations peuvent se succéder jusqu’en septembre-octobre.
En fin d’été, les nymphes entrent en diapause (repos hivernal proche de l’hibernation) dans le sol. Elles reprennent leur activité dès que la température du sol dépasse 18 °C.
De l’extérieur, en début d’attaque, la tomate semble belle. Mais tout se joue à l’intérieur. La larve de la noctuelle grignote la chair du fruit qui finit par tomber. Les tomates ne peuvent pas être consommées.
Dans le sud, les noctuelles de la tomate s’attaquent aussi aux poivrons, aux aubergines et aux courges.
Au risque de vous décevoir, si comme moi, vous venez de tomber sur ces fameux petits trous dans les tomates, il est trop tard. Le ver est dans le fruit ! Et surtout bien à l’abri contre tout traitement.
Seul le classique Bacillus thuringiensis (Bt), autorisé en agriculture biologique, peut être efficace mais uniquement sur les papillons et les jeunes larves qui pourraient naître d’une deuxième génération. C’est pourquoi, il faudra renouveler les pulvérisations tous les 10 jours afin de cibler toutes les générations.
Il est également primordial de récolter et de détruire toutes les tomates perforées qu’elles soient au sol ou encore sur les pieds. C’est la seule façon d’empêcher la naissance d’une nouvelle génération. Profitez-en pour éliminer les chenilles qui seraient tombées au sol pour se nymphoser.
Sinon, tout passe par la prévention qui sera mise en place dès le printemps. C’est ainsi que les professionnels parviennent à lutter contre ce ravageur :
Personnellement, dès l’automne, au moment du bêchage, j’ouvrirai l’œil pour repérer les larves. Et, comme toutes les années, j’inviterai mes poules à suivre mon sillage pour m’aider dans le repérage. Assurément, elles seront nettement plus efficaces que moi dans cette tâche !