Le printemps est l’époque des semis et des plantations de légumes au potager. Une visite à la jardinerie ou un petit tour sur Internet s’impose donc pour se procurer les tomates, courgettes et autres aubergines qui feront le bonheur de votre jardin cet été. Sur les sachets de graines ou les étiquettes des plantes vendues en godets, il vous arrive de voir la mention « F1 ». Légitimement, vous vous demandez ce que signifient en botanique cette lettre et ce chiffre.
En botanique, le genre regroupe toutes les espèces d’une plante. Il est issu du latin ou du grec latinisé et est écrit en italique avec une majuscule.
Une espèce désigne les végétaux d’un même groupe qui bénéficient des mêmes caractéristiques génétiques. Ils peuvent se reproduire entre eux mais pas avec une autre espèce. Là encore, l’espèce est en latin et écrit en italique.
En revanche, une variété permet de distinguer différentes plantes d’une même espèce mais qui offrent des caractéristiques différentes en termes de taille, de floraison, de couleur…La variété est une œuvre de la nature, elle est issue d’une modification spontanée qui apparaît dans une espèce. On l’écrit en italique et on l’introduit par le terme abrégé var.
En revanche, le cultivar, un mot anglais issu de la contraction de « cultivated » et de « variety », est créé et sélectionné par l’homme. Les cultivars naissent de croisements, d’hybridations ou de sélections. D’un point de vue typographique, elle s’écrit entre quotes (guillemets) et porte une majuscule.
Prenons un exemple pour comprendre : Hosta plantaginea var. japonica et Hosta plantaginea ‘Venus’. Le premier est une variété d‘hosta aux grosses fleurs blanches, le deuxième est un cultivar doté de fleurs blanches doubles.
Et si vous avez une plante ainsi nommée Helleborus niger x orientalis ‘Madame Lemonnier’, il s’agit d’un hellébore né d’un croisement entre deux espèces, à savoir Helleborus niger (la rose de Noël) et Helleborus orientalis (la rose de Carême).
Cette mention « F1 » se retrouve en général sur les sachets de semences ou les plants proposés en jardinerie de plantes potagères. Ce terme signifie « first filial generation » c’est-à-dire la première génération d’une plante obtenue par hybridation sélective, via un procédé scientifique, entre deux variétés pures, désignées aussi par les mots « fixées » ou « population », assez proches l’une de l’autre. Ces variétés hybrides prennent donc des caractéristiques des deux parents, en termes de qualité gustative, de couleur, de taille, de forme…
Les semences de ces plantes potagères donnent des productions homogènes de légumes qui auront la même taille, la même forme, la même couleur…
En revanche, les plantes potagères « F1 » restent naturelles dans le sens où leur capital génétique n’est pas modifié. Il ne s’agit en aucune façon de semences OGM (organisme génétiquement modifié) qui sont littéralement fabriquées en laboratoire. L’hybridation reste un procédé « naturel » depuis longtemps utilisé pour les semences productives de blé ou de maïs.
Pour faire simple, prenons encore une fois un exemple. Les tomates sont les plantes potagères les plus hybridées et il existe de nombreuses variétés « F1 » comme ‘Honey Moon’, ‘Buffalo Steak’, ‘Maestria’, ‘Gourmandia’…Ces variétés s’obtiennent car une variété A, connue pour sa productivité, se marie avec une variété B aux fruits de belle taille. Ainsi la variété F1 née de ces deux parents offre une bonne productivité de grosses tomates.
Vous vous demandez s’il est judicieux de cultiver des variétés F1 dans votre potager. Essayons ensemble d’en voir les avantages :
L’homogénéité peut être considérée comme un avantage mais aussi comme un inconvénient, surtout à l’échelle de l’agriculture de masse. En effet, à long terme, on obtient des légumes tous identiques car sélectionnés pour leur forme, leur saveur, leur couleur… Et notre consommation devient standardisée.
Mais le principal défaut que l’on peut reprocher à ces semences ou plants F1, c’est le fait qu‘ils ne soient pas reproductibles. Ou plutôt non reproductibles à l’identique. En effet, les graines issues de variétés F1 ne sont pas stériles, mais elles ne donnent pas naissance à des plantes identiques. Les plantes potagères vont aléatoirement développer un caractère des deux parents d’origine au détriment d’autres caractéristiques. De plus, les plants nés de ces semences ne conservent pas leur vigueur ou leur précocité. C’est pourquoi il est préférable de semer des semences traditionnelles et de récolter vos propres graines. Au fil des années, les plantes vont « s’habituer » au terroir, au climat, au sol.
Enfin, les semences F1 sont en général plus chères que les autres de par le travail de sélection et de pollinisation effectué en amont.
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