L’intérêt pour les graminées s’accroît à vue d’œil lorsqu’on observe les parterres des villes, pourtant, l’amateur de jardin reste parfois perplexe face aux touffes échevelées proposées à la vente. Quelle taille la touffe va-t-elle atteindre, à quoi ressemble la floraison, comment l’associer aux végétaux existants, comment la mettre en valeur ? Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre.
Le feuillage souvent très léger est d’une élégance rare lorsqu’il ondule au vent. Il s’accompagne d’un bruissement léger dès qu’une brise se lève, qui suffit à créer une animation au jardin.
A côté de ça, la nature a su doter la floraison des graminées d’une incroyable diversité alors que les fleurons sont réduits à leur plus simple expression : un pistil et des étamines encadrées de quelques enveloppes aux noms comiques, glumes et glumelles !
Certaines espèces comme le blé ont leurs graines prolongées par une arête qui facilite leur dispersion. Cette arête peut mesurer une dizaine de centimètres notamment chez les Stipa où les soies brillantes qui la recouvrent renvoient des reflets argentés.
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Ces deux termes précisent les niveaux d’organisation des inflorescences qui offrent un aspect plus ou moins souple, large et vaporeux.
Les épis des Pennisetum alopecuroides arborent ainsi une forme rigide en écouvillons tandis que le Stipa calamagrostis, se distingue par un faisceau de plumets de 75 cm de long.
Miscanthus sinensis n’a pas d’équivalent pour assurer le spectacle durant l’hiver avec ses panicules argentées à la silhouette échevelée.
Le Stipa gigantea jette un voile enchanteur sur l’arrière-plan lorsque ses chaumes laissent échapper une nuée d’épillets à 2 m de haut où joue la lumière.
Les graminées se caractérisent par leur frugalité. Un sol trop riche a même pour effet de les rendre dégingandées. En terre modérément riche, il est inutile d’apporter un fertilisant à la plantation. Le plus important est de leur offrir un sol bien drainé en hiver car les excès d’humidité conduisent à la pourriture des racines. Apportez du sable grossier et des graviers si votre sol est lourd.
La plupart des graminées, en dehors de celles destinées au gazon, résistent bien à la sécheresse. Mais certaines espèces comme les Miscanthus apprécient un sol frais.
Il existe malgré tout des graminées qui supportent les sols humides comme les Deschampsia, les Molinia, le Spodiopogon sibirus, la Spartina pectinata ‘Aureomarginata’, le Panicum clandestinum. Les Phalaris, Phragmites et certains Carex servent même à fixer les rives.
Les graminées ont des silhouettes et des textures variables en fonction du genre mais elles ont en commun de présenter un aspect linéaire des chaumes et des feuilles.
Cette silhouette forme un contraste intéressant avec les autres plantes vivaces. Répéter leur présence le long d’une plate-bande permet d’introduire du rythme.
En règle générale, il est préférable de ne pas juxtaposer trop d’espèces différentes de graminées dans un massif pour ne pas contrarier leur présence.
Les graminées du fait de leur coloris très doux permettent de lier harmonieusement des couleurs vives. Elles peuvent être plantées au pied de rosiers à petites fleurs.
Les formes transparentes forment une catégorie à part qui se caractérisent par des inflorescences très fines au point d’en devenir transparente comme le Stipa gigantea, la Molinia. Vous pouvez ainsi créer des rideaux légers qui éveilleront la curiosité du promeneur pour aller voir ce qui se cache derrière.
Quelques touffes de graminées sont indispensables pour mettre en valeur un jardin facile à vivre. Graphiques, légères, mises en mouvement par la moindre brise, elles contribuent à harmoniser tant les couleurs que les formes dans un massif où se mêlent vivaces et annuelles. Les plus vigoureuses sont susceptibles de remplacer une haie brise-vent avec l’avantage d’être sans entretien. L’automne est la période idéale pour ce type de plantation afin d’assurer la reprise, mais aussi de choisir les graminées en fonction de leurs couleurs automnales.
L’allée pavée est ici marquée par la présence d’une grosse boule de buis floutée par des touffes de Stipa tenuifolia essaimées çà et là entre les pavés. Les Stipa méritent bien leur surnom de cheveux d’ange tant la finesse des chaumes invite à faire glisser les brins entre ses doigts.
La bordure se prolonge par une série de vivaces colorées constituées de géraniums vivaces et d’Erigeron karvinskianus, qui n’ont de cesse d’offrir leurs petites pâquerettes blanc lavé de rose entre juin et octobre. Les digitales pourpres ponctuent le cheminement avec leurs longs épis de fleurs en forme de dés à coudre.
Pour une allée de 2 m de long, il vous faut :
Côté culture :
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Une scène riche en formes et couleurs est ici élaborée avec seulement 4 types de graminées.
Pour un parterre de 2,50 m de long sur 1,50 m de profondeur, il vous faut :
Côté culture :
Cet étroit passage encadré par deux haies moyennes prend vie avec cette rivière de graminées vert vif en forme de coussinets : la Fétuque de Gautier (Festuca scoparia). Leur densité et leur forme ronde font penser aux rochers d’un torrent tandis que les plages argentées formées de Cinéraires maritimes (Senecio cineraria) évoquent l’écume des eaux turbulentes.
Pour une allée de 4 m de long sur 1,20 m de large, il vous faut :
1. Désherbez puis travaillez le sol sur 25 cm de profondeur.
2. Placez ensuite vos fétuques à 30 cm les unes des autres sur toute la surface de l’allée.
3. Sur les bords, installez les cinéraires espacées de 25 cm afin de former de larges plages argentées.
Voici un tableau aux teintes douces, facile à réaliser avec des plantes qui ne réclament aucun entretien. Ces dernières résistent très bien à la sécheresse et le paillis de gravillons limite la pousse de mauvaises herbes et les besoins en eau.
Les touches pastel sont apportées par la floraison de l’ail d’ornement ‘Globemaster’, de l’Oenothère rose pâle et du gaura blanc. Quelques touches bleu violacé sont apportée par un géranium bleu. Les touffes géantes de Stipa gigantea forment un fond de brouillard doré qui réchauffe la scène et accentue le graphisme des têtes d’ail.
Pour un massif de 2 m², il vous faut :
Texte et photos Eva Deuffic