Chenilles processionnaires : que faire en cas d’invasion ?
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Cantonnées dans des régions spécifiques, les chenilles processionnaires gagnent du terrain. En cause, le réchauffement climatique et le choix des plantations d’arbres sur les bords des autoroutes et dans nos municipalités. Quels dangers représentent-elles et comment peut-on s’en protéger ? Informations et conseils pratiques.
La chenille processionnaire : un nuisible urticant
La chenille possède des segments dorsaux sur lesquels il y a des poches appelées « miroir ».
Ces poches contiennent de minuscules poils orangés munis de crochets.
Lorsque la chenille se sent menacée, ses poils se brisent et se dispersent libérant une substance urticante contenue dans des petits canaux : la thaumétopoéïne.
Cette défense urticante se met en place à partir du troisième stade larvaire.
Nul besoin d’être en contact direct avec ce nuisible pour subir sa terrible attaque, car le vent se charge de disperser ses redoutables poils très volatiles. À noter que lorsqu’elles quittent leur nid, les chenilles processionnaires laissent des centaines de poils urticants qui résultent de leurs différentes mues.
Risques pour la santé
Dans les 8 heures après contact avec la peau éruption cutanéeviolente avec vives démangeaisons. La sueur, le grattage et le frottement accélèrent la propagation.
Traitement : retirer ses vêtements avec des gants et les laver à haute température. Les faire sécher dans un sèche-linge. Se rincer vivement à l’eau et au savon. Prendre un antihistaminique et une crème à base de cortisone (vendus en pharmacie).
Dans les quatre heures après, contact avec les yeux conjonctivite et réactions inflammatoires
Traitement : consulter d’urgence un ophtalmologue. Les yeux seront rincés après application d’un anesthésique local. Si certains poils sont plantés trop profondément, ils devront être retirés de façon chirurgicale.
En cas d’inhalation :les voies respiratoires peuvent être irritées (éternuements, maux de gorge, difficulté à respirer, choc anaphylactique).
Traitement : consulter son médecin
En cas d’ingestion : les muqueuses de la bouche et des intestins sont inflammées (salivation, douleurs abdominales, œdème de Quincke).
Traitement : boire de l’eau pour diluer les poils et consulter son médecin. Une endoscopie (exploration visuelle des cavités intérieures) est parfois nécessaire pour retirer tous les poils.
Attention ! les réactions s’aggravent à chaque nouveau contact.
Un danger pour nos animaux de compagnie
Si vous avez un pin, un sapin ou un chêne dans votre jardin ou dans le périmètre où vous promenez votre animal, soyez vigilant, car il peut se retrouver nez à nez avec une procession de chenilles. Curieux, votre chien ou votre chat va chercher à jouer avec elles ou pire à les manger et là, c’est la catastrophe !
En cas de contact, votre animal, notamment le chien, peut développer les réactions citées précédemment et en particulier un choc anaphylactique. Pour chercher à se soulager, il va se lécher ce qui va entraîner une nécrose de la langue.Si celle-ci est trop importante, sa langue peut tomber ou être amputée. Dans certains cas, l’animal ne pourra plus se nourrir et devra être euthanasié.
En cas de doute, il faut conduire votre animal chez le vétérinaire. C’est une urgence vitale.
Traitement : antiinflammatoire, antihistaminique, antibiotique, héparine ou amputation dans les cas les plus graves.
Traitement de la chenille processionnaire
Il n’existe aucune règlementation obligatoire pour éradiquer le nuisible. Cependant devant l’ampleur et le danger que représentent les chenilles processionnaires, certaines municipalités appliquent des arrêtés pour obliger les propriétaires des arbres à supprimer les nids et à mettre en place des traitements préventifs et annuels.
Solutions définitives :
Couper les arbres colonisés.
Évitez la plantation de pins, de chênes et de cèdres dans les zones habitées.
Solutions curatives :
Par pulvérisation en automne sur les arbres d’un traitement à base de Bacillus thuringiensis. En s’alimentant, la chenille va ingérer le champignon toxique et mourir. Ce procédé respecte les autres animaux et les hommes.
Avec un insecticide, le diflubenzuron. En l’ingérant, les larves arrêtent de se développer (se pratique en hiver).
Solutions écologiques :
De façon manuelle. Après avoir repéré les nids, ils sont coupés avec une perche télescopique équipée de cisailles, puis brûlés.
Avec un aspirateur muni de filtres adaptés. Les nids sont incinérés.
Avec un piège à phéromones de synthèse. On place des phéromones femelles dans un récipient enduit de colle. Les mâles attirés vont venir voler au-dessus. Épuisés, ils finiront par mourir piégés sur les parois du récipient. Ce système peut être installé sans danger et limite la reproduction (à mettre en place au début de l’été).
Avec un écopiège. Il consiste à installer un collier totalement hermétique autour du tronc de l’arbre infecté. Celui-ci est relié à un tube qui descend dans une poche en plastiqueremplie de terre. Il est efficace uniquement sur les chenilles processionnaires du pin,carelles seront piégées en quittant l’arbre pour aller s’enterrer. C’est un dispositif sans danger et redoutable.
En installant des nids à mésanges. Ces oiseaux se régalent des chenilles et ne développent aucune allergie. Elles peuvent en manger une quarantaine par jour.
Solution biologique :
Planter des bouleaux. Leur essence est un répulsif pour les chenilles processionnaires.
Attention ! il faut faire réaliser certaines de ces mesures par des professionnels.
Conseils malin
L’INRA a développé l’application AGIIR (téléchargeable sur play store…). Elle permet à chacun d’identifier les insectes invasifs observés dans sa région et de les déclarer. Ce procédé participatif permet d’alerter les populations à risque.
Prédateurs des chenilles : la mésange, le coucou, la huppe fasciée, certaines espèces de chauves-souris.
Écrit par Jardiner Malin | La rédaction vous propose des conseils d'experts, une approche respectueuse de la nature, de beaux jardins et un potager fait de bons petits légumes cultivés au fil des saisons.