Peut-être avez-vous déjà aperçu cette drôle de chenille verte qui se déplace en ondulant sur les feuilles de nombreux arbres ou arbustes fruitiers ? Cette chenille s’appelle la cheimatobie (Operophtera brumata), autrement nommée chenille arpenteuse de par son mode de déplacement. Elle est la larve dévastatrice d’un papillon de nuit d’une grande discrétion.
Avant toute chenille, il y a un papillon. L’Operophtera brumata est un papillon de nuit qui passe facilement inaperçu. Le mâle, doté d’une envergure de 20 à 30 mm, possède des ailes antérieures jaune-gris, légèrement ondulées. La femelle est plus sombre. Elle a surtout la particularité d’être dépourvue d’ailes, ce qui l’oblige à ramper sur le sol ou sur les branches d’arbres où elle s’accouple.
Quant aux chenilles qui naissent de leur union, elles sont entièrement vertes, rayées de trois lignes longitudinales blanches, longues d’environ 20 mm et plutôt fines. Elles se déplacent en arpentant grâce aux pattes qu’elles possèdent à l’avant et à l’arrière du corps. Elles adoptent ainsi une démarche particulière.
La chenille de l’Operophtera brumata peut causer des dégâts considérables sur les arbres fruitiers à floraison précoce, plantés non loin des forêts. En effet, elle a une prédilection pour les feuillus comme le noisetier, le charme, l’aubépine, le hêtre, l’érable… mais aussi les arbres fruitiers (abricotier, cerisier, pommier, poirier, châtaignier…et même les arbustes à petits fruits (framboisier, groseillier, cassissier…)
Comme elle s’attaque aux feuilles, aux bourgeons et aux fleurs, la fructification peut être grandement impactée. De plus, elle ne dédaigne pas les jeunes fruits.
En cas d’attaque avérée, on peut déployer une lutte directe, mais la prévention prime.
La prévention passe par plusieurs mesures qui favorisent la biodiversité et respectent l’équilibre des écosystèmes. Ainsi, les mésanges charbonnières, bleues ou noires, sont de grosses consommatrices de chenilles. En installant des mangeoires et des nichoirs dans votre jardin, vous favoriserez leur présence en hiver et au printemps.
D’autres oiseaux du jardin au régime alimentaire insectivore, souvent présents dans les vergers, comme le rouge-gorge, le rouge-queue noir ou à front blanc, la sittelle torchepot…peuvent aussi être efficaces contre la cheimatobie.
De même, si vous avez des poules, n’hésitez pas à les lâcher autour des arbres et arbustes fruitiers entre mai et juin au moment où les larves descendent au sol.
La pose de pièges à phéromones, entre octobre et janvier, est également utile pour repérer l’activité sexuelle des mâles et éviter les accouplements. Au début de l’automne, de septembre à décembre, la pose de colliers de glu sur les troncs empêche les femelles de grimper sur les branches pour pondre
Enfin, il est également judicieux de badigeonner les troncs au lait de chaux.
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