Aujourd’hui, les insecticides chimiques ne sont plus accessibles aux jardiniers. Et c’est tant mieux ! Pour autant, une invasion d’insectes ravageurs peut détruire une récolte en quelques jours ou semaines, au grand désespoir de ce jardinier qui a mis tout son cœur dans ses semis et plantations.
Parmi les solutions utilisables dans le cadre de la lutte biologique, le bacille de Thuringe (Bacillus thuringiensis) s’avère très efficace contre les lépidoptères. Tout en étant inoffensif pour les insectes auxiliaires.
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Bacillus thuringiensis est le nom scientifique du bacille de Thuringe, une bactérie utilisée en lutte biologique au potager. Également désigné sous l’acronyme de Bt, ce bacille de Thuringe a été identifié en 1901 par un bactériologiste japonais du nom de Shigetane Ishiwata qui travaillait sur les vers à soie. Cette bactérie infectait les vers à soie qui mouraient.
Une dizaine d’années plus tard, c’est Ernst Berliner, un scientifique allemand, qui parvient à identifier cette bactérie qu’il nomme Bacillus thuringiensis. Mais il faudra attendre les années 1940 pour que cette bactérie soit considérée comme un insecticide biologique, et commercialisée comme telle, d’abord en direction des professionnels et agriculteurs.
C’est une bactérie ubiquiste, c’est-à-dire qu’elle se rencontre partout dans la nature, tout autant dans les sols que dans l’eau, dans l’air ou sur le feuillage des plantes, de façon tout à fait naturelle. On dit aussi qu‘elle est aérobie, ce qui signifie qu’elle se développe dans l’air ambiant.
Observé au microscope, le bacille de Thuringe ressemble à un bâtonnet, doté de flagelles, de quelques micromètres de longueur.
Pour faire simple, le bacille de Thuringe produit, par sporulation, des cristaux toxiques, riches de plusieurs protéines associées. Ces protéines s’avèrent toxiques lorsqu’elles sont ingérées par certains insectes de la classe des lépidoptères et de quelques coléoptères. Concrètement, ces toxines s’attaquent aux cellules de l’intestin en y creusant des lésions. L’intestin se paralyse. Les insectes, et en particulier les larves, n’ont plus la possibilité de se nourrir correctement et finissent par mourir 24 à 48 heures après la pulvérisation. Elles finissent par être totalement consommées par la bactérie.
Sans entrer dans des détails (trop) scientifiques, il existe différentes souches de Bacillus thuringiensis, qui permettent de lutter contre différentes classes d’insectes, et en particulier les lépidoptères, c’est-à-dire les papillons. Le bacille élimine essentiellement les chenilles qui s’en prennent à de nombreux légumes du potager, aux fruitiers et à quelques plantes et arbustes d’ornement :
Le bacille de Thuringe peut aussi être utilisé contre les doryphores.
Ce bacille qui est un organisme vivant se trouve sous forme de poudre à diluer dans l’eau. Il est possible de se la procurer dans tous les magasins spécialisés, les jardineries et sur les sites internet dédiés aux végétaux. Comme il se conserve pendant environ une année, il est essentiel de respecter la date de péremption indiquée sur l’emballage. Il s’entrepose dans une pièce dénuée d’humidité, sombre, à température d’environ 20 à 25 °C et hors de portée des enfants.
Le bacille de Thuringe se dilue dans l’eau (de préférence de pluie) pour être pulvérisé sur les végétaux. Là encore, il est essentiel de respecter strictement la dose indiquée. De même, il est contre-productif de le mélanger à un autre produit tel que de la bouillie bordelaise ou du pyrèthre.
Pour procéder au traitement, mieux vaut s’équiper de gants, d’un masque et de lunettes. Même si le bacille de Thuringe est utilisé en agriculture biologique.
Il est à noter que Bacillus thuringiensis est un produit curatif et non préventif. Il est donc inutile d’en passer sur des plantes potagères non infestées. L’utilisation de pièges à phéromones permet de savoir à quel moment précis a lieu l’accouplement des insectes. Et, donc de suivre l’apparition des premières larves.
De même, n’oubliez pas que la toxine sécrétée par la bactérie pathogène a une rémanence faible. Ce qui signifie que les rayons ultra-violets la détruisent quelques heures après la pulvérisation.
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