L’oiseau E.A.M, c’est quoi et comment en prendre soin ?
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Avoir un oiseau niché sur son épaule, caresser son plumage et sentir son odeur de fruits et de graines procure un bonheur immense. Certains prétendent que c’est l’animal de compagnie par excellence. Qu’en est-il réellement ?
Le terme eam signifie « élever à la main ». Petit zoom sur les grandes lignes de cette pratique hors du commun.
L’oiseau eam pour quoi ?
Pour sauver les oisillons que les parents délaissent par manque d’expérience ou parce qu’ils sont trop nombreux.
Parce que l’un des parents est mort ou malade.
Pour accélérer la reproduction.
Pour les protéger des prédateurs et préserver des espèces en voie de disparition.
Pour en faire de remarquables animaux de compagnie (cinéma, spectacle dans les parcs zoologiques, vente aux particuliers).
Avantages de l’oiseau eam
Il ne perd pas de poils.
Il ne demande pas de promenades à l’extérieur.
Après l’investissement de départ, il n’est pas coûteux.
Il anime un foyer de façon unique et ludique. Partie de fou rire assurée tous les jours.
Il apporte et génère beaucoup d’amour (peut créer des liens avec un enfant autiste).
Partager sa vie est un privilège.
Inconvénients de l’oiseau eam
C’est un engagement à long terme.
Il doit être manipulé tous les jours au risque de redevenir sauvage ou de développer des troubles du comportement. Il a besoin de beaucoup d’attention et d’une grande interaction.
Il peut se choisir un maître unique.
Il faut nettoyer sa cage au moins une fois par semaine.
Il est plus difficile à faire garder qu’un chien ou un chat lors de vos absences.
Lorsqu’il est en liberté, toutes les fenêtres doivent être fermées.
Il peut faire des dégâts dans une habitation (avec son bec et ses serres).
Très bruyant.
On peut développer une allergie à la poudre qui se dégage de ses plumes.
Bien choisir son oiseau eam
La majorité des oiseaux eam destinés à la compagnie appartient à la famille des Psittaciformes. On les reconnaît à leur tête grande et forte, leur bec robuste et crochu, leur plumage chatoyant et leurs pattes qui possèdent quatre doigts longs et puissants (deux orientés vers l’avant et deux orientés vers l’arrière). Ils ont été choisis pour leur capacité d’imitation, de vocalises, de langage et pour leur beauté. À l’état sauvage, on les trouve en Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud et Océanie. Seuls les individus nés en France en captivité et bagués peuvent être revendus. On distingue quatre catégories principales :
Les perroquets: Gris du Gabon, Amazon, Arras, Cacatoès, Youyou… Leur longévité est de 20 à 60 ans. Ils sont particulièrement intelligents. Ils ne se contentent pas d’imiter ce qu’on leur apprend, ils ont une véritable faculté de compréhension. De par leur taille, la force de leur bec et leur caractère affirmé, ils sont destructeurs et demandent énormément d’attention. Un oiseau délaissé pourra se mutiler (piquage), voire se laisser mourir de chagrin. Ils ne sont pas conseillés pour les novices.
Les perruches : Le Calopsitte, la perruche à collier, la perruche Alexandre, la perruche ondulée, l’inséparable… Leur longévité est de 6 à 20 ans. Elles peuvent apprendre quelques mots, siffler à la perfection et imiter des sons. De taille raisonnable, très joueuses, câlines, dociles et calmes, elles font d’excellents compagnons pour les débutants.
Les conures : à joues vertes, conure du soleil, conure ananas, conure de Patagonie, conure souris ou quaker…Véritables petits clowns avec de magnifiques couleurs, elles sont souvent utilisées dans les numéros de cirque. Charmantes, elles sont néanmoins criardes et très nerveuses. Elles doivent être occupées et stimulées. Peuvent convenir à un débutant.
Les Loris : Le Loriquet de Swainson, le Loriquet à tête bleu… Leur longévité est de 20 à 35 ans. Dotés d’une langue en forme de brosse, ils ont la particularité de se nourrir de nectar de fruit et de pollen. Leurs fientes sont très liquides ce qui est parfois problématique dans une habitation. Extravertis et dynamiques, il faut leur offrir un espace suffisant pour se défouler. Bien réfléchir avant l’acquisition de ce très bel oiseau, car l’alimenter correctement est plus contraignant.
Achat d’un oiseau eam
Il est conseillé de trouver un éleveur qui possède un certificat de capacité. Ce diplôme atteste qu’il a acquis les connaissances suffisantes pour s’occuper d’animaux domestiques. À l’achat, il devra vous remettre un certificat de naissance, le test de sexage et le numéro de bague de l’oiseau. Le mâle est plus coloré, parle et joue davantage. À l’âge adulte, on peut le reconnaître à son cou qui s’agrémente d’un liseré de couleur (pour de nombreuses espèces).
Certaines animaleries peuvent vous vendre un oiseau eam. Demandez à le manipuler avant de prendre une décision, car si l’oiseau n’est pas stimulé tous les jours, il peut redevenir sauvage et vous serez bien déçu. Vérifiez que ses rémiges (grandes plumes rigides des ailes) n’ont pas été coupées pour l’empêcher de voler si vous souhaitez qu’il évolue en toute liberté dans votre maison. Ne repartez pas sans les documents cités précédemment. Cet univers est protégé et encadré. Vous devez pouvoir prouver son origine (se référer à la convention de Washington sur la protection des oiseaux).
Infos :
EPP : élevé par les parents.
MAN : Manipulé au nid (cette technique manque encore de recul, mais donne déjà de bons résultats pour obtenir des oiseaux plus équilibrés, car ils ont bénéficié de l’éducation de leurs parents et sont parfaitement apprivoisés puisqu’ils ont été manipulés par l’homme).
Achats à prévoir pour un oiseau eam :
Une cage principale très solide avec des fermetures fiables adaptée à la taille et au caractère de votre oiseau. Elle devra être équipée de perchoirs de différentes textures disposés à intervalles réguliers et de cordes pour faciliter le déplacement de l’oiseau et lui permettre d’user ses griffes. On déposera du sable anisé ou un journal en guise de fond de cage. Bien que celle-ci doive être placée dans un endroit calme bien éclairée loin des courants d’air, n’isolez pas votre oiseau. Son plus grand bonheur est de participer à la vie de votre famille.
Une seconde cage plus petite pour le transport chez le vétérinaire ou pour les vacances.
Une cabane, un nid ou un perchoir suspendu le plus haut possible dans sa cage : L’oiseau dort en hauteur naturellement pour se protéger des prédateurs.
Un distributeur de nourriture, un distributeur d’eau (celle-ci doit être changée tous les jours).
Une baignoire : Les oiseaux se baignent par plaisir, pour remettre leurs plumes en place, pour retirer la poudre et le surplus de sébum qu’ils ont sur le corps, pour garder une peau hydratée.
Un perchoir, un arbre à oiseaux ou une plateforme de jeux pour permettre à votre eam de se poser lorsqu’il évolue en liberté dans votre maison.
Différentes pièces en bois brut (ou avec peinture naturelle) qu’il pourra déchiqueter à la place de vos meubles. Si vous possédez un noisetier, c’est un bois parfait une fois séché.
L’alimentation : On trouve des mélanges de graines qui répondent aux besoins de chaque espèce. Il convient de rationner les graines de tournesol (grasses et riches) et les cacahuètes dont nos amis raffolent. Un apport de fruits et de légumes frais est indispensable au quotidien. On peut ajouter à leur repas un complément de croquettes (ou granulés) qui contiennent des nutriments intéressants et qui limitent le gaspillage. Au moment de la mue, on donnera des vitamines (à diluer dans l’eau).
Votre oiseau devra être vermifugé deux fois par an. Ces produits se trouvent facilement en animalerie. Attention, le persil et le citron sont des aliments mortels pour les oiseaux.
Apprendre à parler à son oiseau eam
Laisser la radio allumée.
Enregistrer des mots ou des sons sur un dictaphone et passer l’enregistrement en boucle.
Stimuler votre oiseau en lui répétant régulièrement les mots que vous souhaitez l’entendre dire.
À noter que les perroquets apprennent tout au long de leur vie alors que les perruches, les conures ou les loris ont tendance à retenir les premiers mots qu’on leur a appris (cinq ou six en moyenne). La conure souris fait exception à cette règle, car elle est particulièrement volubile. C’est un grand esprit dans un petit corps. Le mâle a davantage de capacités pour cet apprentissage.
Comprendre un oiseau eam
Je monte sur la tête : je veux dominer. Il faut faire cesser immédiatement ce comportement.
Je pince : je veux être le chef. Il faut lui donner un coup sec sur le bec et dire « non ».
Je frotte mon bec en émettant un petit bruit adorable : je suis détendu et heureux.
Je tiens debout sur une seule patte, l’autre est remontée : je suis prêt pour être calme et dormir.
Je régurgite de la nourriture sur mon maître : je l’accepte comme mon compagnon, je me soumets.
J’incline ma tête vers mon maître : je veux être caressé. J’adore que l’on touche mon bec et que l’on me gratte le haut du cou.
J’accepte de me mettre sur le dos : je suis en totale confiance.
Je crie fort dans ma cage : je suis en danger ou je veux sortir.
Au départ, vivre avec un oiseau de compagnie est déconcertant. Au fil du temps, on apprend à associer ses attitudes à un besoin ou à une attente et à décoder son important répertoire. Il sait parfaitement se faire comprendre.
L’oiseau eam, nos conseils
On peut choisir de prélever les œufs et superviser l’arrivée de l’oisillon, son élevage et son sevrage (rejet ou mort des parents par exemple).
Les œufs ne sont pas lavés pour éviter la propagation des germes (coquille poreuse). S’ils sont vraiment sales, on peut les passer dans une solution désinfectante (adaptée à la couveuse) additionnée d’eau chaude. Les fêlés sont éliminés.
Les œufs sont disposés dans une couveuse (ou incubateur) électrique pointe vers le bas à une température de 37,8 °C avec un taux d’humidité d’environ 40 %, puis de 60 % vers la fin du processus pour aider les bébés à percer leur coquille.
Les œufs sont retournés plusieurs fois par jour pour permettre à l’embryon de se placer correctement.
Une semaine à quinze jours plus tard, les œufs sont mirés. Il s’agit d’une échographie manuelle. Dans l’obscurité, on pose une lampe de poche sur l’œuf pour voir s’il a développé des vaisseaux sanguins. En cas d’absence de ces filaments rouges, aucun oisillon ne naîtra. On parle d’un œuf non fécondé ou d’un œuf clair.
Après l’éclosion, les petits sont placés dans un nid artificiel sous une lampe infrarouge dans une pièce à l’hygiène irréprochable. La majorité des oiseaux naissent aveugles et nus (nidicoles) contrairement aux poussins qui naissent les yeux ouverts avec un duvet (nidifuges). Ils sont totalement dépendants de l’humain à ce stade de leur vie.
Lorsque l’oisillon ouvre les yeux (entre le 8ejour et le 15ejour) il est bagué à la cheville. De cette façon, on pourra prouver son origine et son appartenance à un élevage. La détention d’espèces sauvages est interdite.
On peut préférer retirer les petitsdu nid à l’âge de trois semaines lorsqu’ils ont reçu suffisamment d’anticorps pour commencer leur élevage à la main et leur imprégnation de l’homme.
Ils sont placés dans une éleveuse qui leur permet de rester au chaud et à l’abri de la lumière. On adaptera la chaleur et le taux d’humidité avec l’évolution de leur plumage.
Nourrir un oiseau eam
Nourrir un oiseau eam est une pratique très prenante et particulièrement exigeante.
Selon l’espèce, ils devront être alimentés toutes les 30 minutes les premiers jours, puis toutes les deux heures. Au bout de 15 jours, on arrêtera les repas la nuit.
Il est recommandé de porter des gants et un masque pour éviter toute contamination. On utilise une poudre adaptée (NutriBird A21 par exemple) diluée dans une eau déminéralisée à une température de 37 °C à 38 °C pour ne pas brûler l’oisillon. Liquide au départ (consistance d’une pâte à crêpe), elle sera épaissie au fur et à mesure et enrichie de protéines et de vitamines. On emploie une seringue avec un embout souple pour ne pas percer le jabot de l’oiseau. La pâtée est injectée à droite dans l’œsophage (à gauche, on trouve la trachée). Le jabot doit être complètement vide avant la prise d’un nouveau repas. Avec le temps, celle-ci peut être remplacée par une cuillère. Le corps est maintenu le dos dans la paume de la main, la tête tournée vers son éleveur en attendant qu’il tienne debout. Il faut laver son cou après chaque repas, car la nourriture en séchant colle et devient difficile à retirer sur une créature aussi petite et fragile.
Ils seront pesés tous les jours et une courbe de croissance sera établie et comparée à une courbe de référence de l’espèce (élaborée selon l’historique de l’éleveur ou par échange d’expérience entre professionnels) pour détecter les anomalies.
Lorsque l’oiseau est plumé et assez musclé pour voler (à partir de 5 semaines), on peut commencer son sevrage. Il quitte l’éleveuse pour une cage adaptée. On dispose dans celle-ci des perchoirs faciles à atteindre pour l’inciter à grimper, une gamelle d’eau et quelques jouets pour l’occuper et l’éveiller. On mettra de l’essuie-tout ou du sable anisé en guise de fond de cage. C’est le moment de lui proposer des fruits, des graines, du millet ou des granulés en complément de sa pâtée que l’on va supprimer progressivement. Il faut compter entre deux à quatre mois pour un sevrage complet.
Tout au long de cette aventure, on aura parlé aux oiseaux avec douceur, on les aura manipulés avec précaution et amour. Chacun avec son savoir d’éleveur aura apporté un élément supplémentaire ou différent en gardant à l’esprit que des vies étaient en jeu.
À méditer : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »
Jean de La Fontaine
Conseil malin à propos des oiseaux eam
Le Calopsitte est un eam idéal pour une famille avec des enfants. Facile et docile, il fera le bonheur de tous.
Pour attraper un oiseau qui refuse de rentrer dans sa cage, plongez la pièce dans l’obscurité après avoir repéré où il s’est posé. S’aider d’une lampe de poche pour le reprendre aisément.
Écrit par Lydie Dronet | En immersion dans le monde animalier depuis plus de 20 ans, Lydie partage son expérience et son expertise. Ses autres sujets de prédilection, la nutrition et les vertus des plantes.